Aux lieux d'apprendre

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    Aux lieux d'apprendre
  • Aux lieux d'apprendre...

    Cette matinée à Annecy nous a emmenés dans différents lieux pour notre plus grand plaisir d'apprendre! Nous sommes allés avec Cécile Schmidt, enseignante spécialisée, au lieu de l'école. Elle nous a fait entendre avec beaucoup de finesse son désir décidé de ne pas renoncer " à apprendre " à des enfants exclus du système scolaire.Elle consent à se laisser enseigner par eux plus qu'à enseigner elle-même. Elle nous a dit vouloir que ces enfants retrouvent le goût, le goût d'apprendre et elle le fait par petite touches, de façon discrète mais pas sans le support des livres qu'elle amène régulièrement dans les séances de travail. Cécile accepte de perdre pour gagner, pas sans l'appui de la règle et de la loi qui s'appliquent à tous y compris à elle même et dont elle fait usage, là encore, pour chacun dans sa singularité. C'est avec beaucoup de tact et un grand sens clinique qu'elle nous a montrés au cas par cas que des petites choses pouvaient se tisser et permettre à certains de renouer avec le désir d’apprendre.

    Gilles Biot nous a emmenés au lieu de l'écriture, celle de Marguerite Duras avec le personnage d'Ernesto, dans le roman intitulé la pluie d'été. Ernesto ne veut pas retourner à l'école parce qu'à l'école on lui apprend des choses qu'il ne sait pas...

  • Gilles Biot a déployé cette phrase paradoxale, tout en évoquant sa propre pratique avec les adolescents. Ernesto interroge la question du savoir et celle de l'Autre qui n'existe pas. Il semble coupé de l’Autre mais il va quand même chercher le savoir dans le livre troué. Il fréquente l'abord des écoles et il apprend sans chercher à savoir comment , nous dit Gilles Biot. Comment se débrouiller avec le savoir, où le mettre ? De quel côté? Ne pas
    vouloir savoir, se tenir au bord... Autant de pistes sur lesquelles Gilles nous a emmenés avec sa lecture du roman de M.Duras.

  • Sonia Vachon a choisi de nous emmener au lieu du corps et du mouvement : celui de la danse. Elle nous a fait rencontrer Polina, l'héroïne du film d'Angelin Preljocaj et de Valérie Müller: "Polina, danser sa vie ". Elle nous a relaté le parcours de cette jeune femme, qui a su malgré les échecs et la galère, trouver le chemin de son propre désir pour enfin "danser sa vie" et se défaire d'une
    forme de dressage. Sonia Vachon a illustré son propos en s'arrêtant sur des scènes clés du film qu'elle nous a projetés et qui ont rendu très vivante cette séquence. On a vu d'abord l'enfant Polina en Russie, dans la rigueur du mouvement et de la technique imposée par le professeur de danse classique. On a vu ensuite ,avec beaucoup d'émotion, l'enfant danser pour elle-même dans la neige sur fond de centrale nucléaire. Puis on a vu Juliette Binoche la chorégraphe française dire à Polina :je ne veux pas voir une jolie danseuse mais je veux voir Polina danser...
    C’est à partir d'un " je ne sais pas" que Polina a retrouvé son désir et qu’elle a pu inventer ses propres chorégraphies.

  • Jérôme Lecaux, tout au long de la matinée avec ses commentaires et lors d'un exposé intitulé : « apprendre le corps » nous a emmenés au lieu de l'analyse et de la passe.
    Il est parti de l'autisme pour nous parler du corps et de la langue.
    La lune de miel de la passe c'est le retour de quelque chose de vivant dans le corps, a témoigné Jérôme Lecaux. Il nous a fait entendre la nécessité de la présence des corps pour parler. Dans notre société hyper connectée la responsabilité de chacun c'est de s'élever contre le dressage en y engageant son désir propre. A l'époque de l'Autre qui n'existe pas, chacun est obligé d'inventer de nouvelles façons de faire pour composer avec son désir et
    s'opposer au surmoi mortifère du dressage.
    Comment soutenir un désir de savoir du côté de l'analyse? Jérôme Lecaux a appris du travail analytique que la chose la plus solide que nous ayons est le manque mais que c'est aussi ce qui nous donne le plus de force dès lors que nous y consentons!
    Christine Marcepoil