Cartel : un savoir inédit

  • Cartel : un savoir inédit
    Cartel : un savoir inédit
  • Echo de la soirée des intercartels intitulée « Un savoir inédit » à Lyon le 4 juin 2019

    La soirée animée par Jocelyne Huguet-Manoukian, responsable des cartels à l’ACF était riche d’échanges à partir des trois exposés proposés par Claire Audejean psychanalyste, membre de l’ACF, Romaric Laville, psychiatre et Christian Chaverondier, psychanalyste membre de l’ACF. Véronique Herlant, déléguée régionale de l’ACF Rhône Alpes y a participé, relevant l’importance d’ « interroger des formules usuelles de la psychanalyse, parfois fétiches » à partir de la lecture de textes.

  • A partir d’une présentation de malade reprise avec une grande finesse, Claire Audejean (cartel fulgurant sur les présentations de malade au Centre de la douleur) file ses questions autour de la douleur : définition du point de vue de la psychanalyse, fonction, traitement, nouage au temps. Je La douleur dont Eric Laurent signale qu’elle « excède les circuits neuronaux » fige le corps dans un hors-temps, dans un rapport au corps comme organisme. L’entretien unique avec l’analyste ouvre l’espace d’une énonciation, l’inscrivant au champ de l’Autre, dans un nouage au temps. La patiente « tombée en nœud » peut se dire dans « un jour après jour » relevé par l’analyste. Si le sentiment de la vie n’est pas à réduire à l’organisme, il en faut peu pour que cela ne tienne plus. 

    Romaric Laville (cartel sur les présentations de malade) s’interroge sur ce que c’est d’avoir un corps (« avoir un rapport avec son corps » dans l’enseignement de Lacan) à partir de la présentation de Monique à Saint Anne en 1976 : lorsqu’elle perd le regard de l’Autre, son mari, le corps de Monique se désagrège. Elle retrouve une image unifiée dans le regard de sa fille. Comme s’appuyer sur le concept lacanien du stade du miroir pour penser la chose ? Véronique Herlant relève que la question du corps n’a rien d’évident : « c’est une tromperie de l’image que de le penser comme réel ». 

    Ce point intéresse particulièrement le travail en cartel souligne Jocelyne Huguet Manoukian : quelque chose émerge dans le corps : c’est la douleur qui prend consistance pour le sujet et fait énigme pour le champ médical. Ce débordement de jouissance ne peut se localiser dans une imagerie médicale, ni uniquement s’interroger à partir des circuits neuronaux.  Ce thème sera exploré lors des journées PIPOL9 sur le thème l’inconscient et le cerveau, rien en commun en juillet 2019. 

    Enfin, Christian Chaverondier (cartel Séminaire VII, l’Ethique) a choisi de s’arrêter sur Antigone, fille d’Œdipe, qui s'oppose jusqu'à la mort à Créon qui avait interdit d'ensevelir son frère Polynice (qui du fait de l’inceste est son père). Inflexible, elle incarne la tragédie, le « pur et simple désir de mort » (p. 325) selon Lacan. Cette pureté est la coupure qu’instaure le signifiant. Le langage empiète sur le vivant ; le signifiant mortifie et vivifie. « C’est la coupure qu’instaure dans la vie de l’homme la présence même du signifiant » (p.325)

    Enfin, Christian Chaverondier a proposé la jolie formule « l’expérience polyphonique du cartel » pour clôturer nos échanges et ouvrir à la suite.

    M-C Marty.