Conversation autour de François Augiéras

C’est par la voix de François Augiéras qu’a commencée la soirée de vendredi, à l’Agora, une manière de nous introduire à la singularité de cet homme. L’auditeur percevait une urgence à dire, à raconter son histoire, avec une énonciation qui ne s’interrompait que pour prendre une respiration. Puis les voix de Philippe Lacadée, psychiatre et psychanalyste, et celle de Joël Vernet, poète et écrivain moderne, sont venus prendre le relais. Chacun a pu témoigner de sa « rencontre » avec l’œuvre de cet artiste, dont l’écriture se voulait volontairement provocatrice. Cette dernière interpelle ceux qui sont orientés par Lacan, car elle est au plus près ce qui peut surgir de Réel dans le corps d’un sujet.

Faute d’avoir pu s’appuyer sur un père, mort avant sa naissance, ni sur une mère pour qui ce drame fut une catastrophe subjective, François Augiéras est poussé très tôt à inventer des solutions pour dire l’impossible à dire de son existence. Philippe Lacadée par son travail minutieux et rigoureux nous a détaillé, lors de cette conversation, son parcours qui le conduira à une version du pousse à la femme comme moyen de traiter et réguler les débordements de sa jouissance. François Augiéras, résolument contre les hommes, est dans une position d’exclusion par rapport au monde. Cette liberté le conduit au pire. Il en paye le prix fort et finit son existence dans le plus grand dénuement dans les hospices de Domme. Si son comportement semble égaré, si le sujet apparait marginal, il est au contraire un logicien. 
Et pour conclure ces deux heures d’échange, nous avons eu la chance de regarder quelques extraits d’un film sur François Augiéras qui apparait, dans son étrange singularité, au milieu de cette nature.
Vous retrouverez une présentation de son livre dans notre rubrique Parutions.