Écho des cartels

La joie comme orientation de travail
La dernière soirée des cartels de l’année nous a réuni sous une forme nouvelle : les participants d’un cartel prennent la parole, au un par un. La lecture de l’Allocution sur les psychoses de l’enfant¹ a orienté chaque cartelisant dans ses questionnements, rigoureusement articulés dans les textes exposés. Cette articulation ne concerne pas uniquement la théorie et la pratique mais aussi les effets, dans le corps propre, du travail en cartel. Nous en avons entendu un témoignage singulier et poignant d’une cartelisante.

Je tire un fil, qui a fait écho pour moi, et qui traverse les exposés : les effets de l’étude des textes fondamentaux sur la manière d’orienter notre pratique de la psychanalyse au quotidien.

Deux remarques sur deux points qui résonnent encore. 

Le premier : se défendre du réel avec le discours, avec les mots qui nous permettent de tisser un semblant pour vivre, est tâche impossible pour le sujet schizophrène. Le processus d’aliénation sans le processus de séparation empêche au mot d’être le meurtre de la chose. Le symbolique devient réel et ne sert plus de défense. La schizophrénie devient la mesure de la psychose. Le deuxième, plus politique : la ségrégation comme « effet de discours », référence aux propos de Lacan dans Préface à une thèse² nous mettant en garde contre une lecture univoque de la ségrégation. Le lien est fait, dans la soirée, avec l’institution psychiatrique et le traitement de lafolie de nos jours. Non sans un passage par le passé et l’expérience de Jean Oury. La question sur la difficile articulation entre l’individu et le collectif est posée. Des questions sans réponse immédiate, des références bibliographiques à creuser, en somme, une rencontre de cartels qui ouvre à l’étude et à la recherche. Travail du cartel à l’oeuvre, Pas sans lajoie !

 

Iris Lopez Suarez

1 Allocutions sur les psychoses de l’enfant. Jacques Lacan, Autres Écrits, Éditions du Seuil

2 Préface à une thèse. Jacques Lacan, Autres Écrits, Éditions du Seuil