Qu'est ce qui circule dans un cartel?

  • Qu'est ce qui circule dans un cartel?
    Qu'est ce qui circule dans un cartel?
  • La soirée, qui se voulait « Bourse aux cartels », a suivi le fil de la « circulation ». Lacan l’avait voulu pour les cartels : « Après un temps de fonctionnement les éléments d’un groupe se verront proposer de permuter dans un autre ». Pour les cartels, mais aussi pour son Ecole, s’agissant de subvertir les effets de groupe, et d’Eglise. La circulation, et non la pyramide, tête en haut ou tête en bas (mai 68). Ainsi, chaque cartel, en son principe, renouvelle l’Acte de fondation.

    Jocelyne Huguet-Manoukian se fait l’écho de la soirée, à partir de deux présentations de collègues, qui chacune à sa façon, tisse le fil de la circulation. Première expérience, ou expérience plus avertie, ce fut l’occasion de faire entendre le petit bout attrapé au passage, la lettre qui résonne dans la langue, le vivant qui s’arrache au discours.

     

    Véronique Herlant

    -----------

    Le cartel est un dispositif proposé par Lacan pour que « chaque un » travaille dans sa singularité avec d’autres, autrement dit « 3 personnes au moins, 5 au plus, 4 est la plus juste mesure », disait Lacan, plus 1 se mettent au travail de manière « anti-didactique », précisera par la suite JA Miller. La soirée du 6 novembre dernier autour de la question « Qu’est ce qui circule dans un cartel ? » proposée et commentée par Véronique Herlant à partir du signifiant « circulaire » extrait de l’Acte de fondation de l’Ecole, en 1964, nous a enseigné, sur le vif, l’effet de ce dispositif.

     

    Retenons comment Jian VAN QUYNH-GUAN, chinoise et romancière, participante pour sa première expérience de cartel en tant que plus-un, nous a introduit au chantier que représente la façon dont Lacan s’est emparé de la langue chinoise. En nous expliquant comment en Chinois, il n’y a pas la double articulation entre phonème et mot, puisque chaque mot est phonème, ce qui rajoute en équivoque. Elle a fait entendre à la fois l’intérêt très particulier et précis de Lacan pour la langue et la littérature chinoise classique évoquant notamment sa rencontre avec François CHENG. A partir du séminaire XVIII D’un discours qui ne serait pas du semblant où se pose notamment la question du discours par rapport à la lettre, comment Lacan fait-il usage de la lettre dans son rapport à la jouissance ? Voilà quelques « cristallisations actives » au travail qui augurent d’une suite passionnante.

     

    Avec beaucoup de finesse, Christian CHAVERONDIER a fait résonner, partant de son travail en cartel sur le séminaire VI, L’éthique de la psychanalyse, la limite de la parole « pure », évoquée notamment dans ce séminaire par Lacan dans l’expérience des cathares qui s’est trouvée radicalement rattrapée par le discours ecclésiastique pour la faire taire. La tension entre parole et discours est ici patente, non sans la pulsion de mort sur laquelle Lacan met également l’accent dans ce passage. Cette tension n’est-elle pas au cœur du dispositif du cartel ? « Rien de plus difficile que d’arracher la parole au discours » dit Lacan peu après. Le cartel est propice, en convoquant les corps parlants, à en soutenir une pratique vacillante d’énonciation non didactique.

     

    Les deux exposés en se croisant ont permis une discussion animée et joyeuse autour des trouvailles des cartellisants. Proposons la belle formule de Christian Chaverondier : « Il ne s’agit pas de se passer du discours, mais qu’il rencontre l’objection de la parole »

    Ainsi va le dispositif du cartel !

    Jocelyne Huguet Manoukian

    -----------------

    Cartels en formation, qui cherchent partenaire de travail :

     

    • Lecture du séminaire l’Angoisse
    • Lecture du séminaire Encore
    • « Incidences du dire sur le corps »
    • Lecture de « La naissance de l’Autre », des Lefort
    • Cartel fulgurant, à partir de la prochaine Présentation de Malade de Neuro.