Echo de la soirée ciné-psychanalyse "un bon début"

  • Écho Ciné-Club Psychanalyse « Un bon début »


    par Syliane Renaut


    C’est avec le cœur que j’ai envie de dire merci pour cette soirée ! Merci à nos collègues Sylvie Charbonnier Marin, Amélie Vindret et les responsables du cinéma « Le club », qui nous ont concocté cette première séance. C’est dans une salle bondée, remplie d’émotions que j’ai découvert le film d’Agnès et Xabi Molia, réalisé
    avec justesse et pudeur. Ils suivent au plus près le quotidien de jeunes personnes et de leurs professeurs spécialisés qui les accueillent dans le dispositif « starter ».

    Si l’on considère l’institution sous l’angle du discours du maître, elle est performative et ne peut échapper à l’illusion par l’amoncellement de contrats et de protocoles qui mènent à une l’utopie de perfection. Pour qui l’intuition le guide et peut-être que le psychanalyste n’est pas isolé, l’institution bancale ou bien l’institution symptôme est suffisamment trouée pour que l’être parlant trouve chance à faire entendre sa voix.

    Ce film souligne que la subjectivité ne va pas de soi et soulève la question pour chaque élève de son savoir-faire avec l’Autre.
    Que c’est dur d’avoir 15 ans ! D’autant plus pour celles et ceux dont nous découvrons des vies jonchées d’obstacles, de souffrances et de tourments. Pour l’un, c’est vivre en foyer comme en prison, pour l’une vivre avec de l’insuline en pensant être coupable d’avoir mangé trop de bonbons et pour d’autres, soutenir des parents fragiles, être emplis de colère, ou bien se sentir nul et non avenu. La spirale de l’autodestruction n’est jamais loin…

    Alors, l’école  quelle importance ? Comment se projeter et s’imaginer un avenir ?
    Starter, c’est une classe sans exclusion possible, quand vous en faites partie, l’enseignant qui vous accueille vous signifie en tout premier lieu que vous ne serez pas jetés dehors. Une petite promesse qui peut être le socle d’une solide complicité.
    Et puis, les enseignants vous annoncent même qu’il y a un examen, le brevet et après … Il va falloir réfléchir et choisir… Il y a un premier entretien avec Antoine Gentil et il met en jeu sa personne avec tout ce que cela demande de présence du corps, les gestes, le regard. Personne n’est laissé de côté, familles, éducateurs spécialisés, maîtres de stages, médecins… Mais l’élève, lui, est toujours le centre d’attentions. Chaque matin « chaque un » d’entre eux reçoit un accueil individuel à la porte d’entrée.
    Ici, être au plus près de ce que vit l’élève ne veut pas dire qu’on ne peut pas dire non, se laisser emporter par les tourbillons de sa vie privé, ou par ce qui pourrait le prédéterminer. C’est ainsi que nous découvrons cet élève un peu agité, qui explique être hyperactif à son professeur, qui ne s’en émeut pas plus que ça et qui lui rétorque que c’est une chance d’avoir beaucoup d’énergie, que cela lui sera très utile, notamment pour sa vie professionnelle. Au travers des yeux brillants des professeurs nous entrevoyons le plaisir d’offrir un livre de mathématiques ou la
    tristesse de devoir laisser partir un élève. Mais ici, j’en raconte trop, ce qui est contagieux, c’est le désir, et j’aimerais que ceux qui ne connaissent pas ce film aient envie de le découvrir.

    À la question de Sylvie Charbonnier Marin posée à Antoine Gentil, quel est votre moteur ? Il répond : « La curiosité »