Echo de la soirée "Se nommer, est-ce dire?"

  • Echo de la soirée "Se nommer, est-ce dire?" en préparation des J52  - 18 octobre 2022 à Valence

     

    par Rafaële Nalon

    Sous le titre « Se nommer est-ce dire » cinq collègues ont travaillé en lien avec Alice Delarue et nous ont proposé leurs lectures de l'intitulé des J52« Je suis ce que je dis ».
    Au cogito cartésien « je pense donc je suis » s'est substitué un dico « je dis donc je suis », dire ce que l'on est pour être ce que l'on dit... une façon radicale d'obturer la faille entre les signifiants d'où peut surgir le sujet de l'inconscient. Dans une époque où le langage est rabattu sur l'information l'être parlant serait donc supposé savoir ce qu'il dit, et savoir ce qu'il est. La psychanalyse nous enseigne tout le leurre de ces suppositions. Les cinq interventions de la soirée en ont exploré tous les détours.
    Les apports théoriques se sont attachés à situer le dit, le dire et l'impossible à dire ainsi qu'à dégager la responsabilité de l'analyste : faire résonner une demande pour hisser un dit à la hauteur du dire qui fraye la voie de l'inconscient. Si le sujet prétend dire qui il est, la cure procède plutôt d'un « je ne sais pas ». La plus grande délicatesse est requise dans l'accueil de sujets pour qui un « je suis » revendiqué vient faire suppléance ou invention d'un nouage là où le symbolique fait défaut.
    Les vignettes cliniques ont illustré très finement les diverses modalités et fonctions de ces modernes « dico » ainsi que l'accueil qui peut en être fait.
    Dans certains cas rien ne peut bouger et l'offre de parole ne peut être saisie. Mais parfois un petit écart est possible quand un sujet réalise ce qu'avait de leurrant son idée d'auto-créer sa position, ou quand il repère que l'identité qu'il revendique est un carcan plus qu'un soutien. Ou, dans une analyse des pratiques, s'arrêter sur le signifiant qui risquait de figer commodément un sujet vient ouvrir pour les soignants d'autres perspectives et d'autres façons de faire.
    Un « dico » peut aussi, comme dans le cas de Christine and the Queens participer d'une sublimation : il ne s'agit pas là de se référer à un groupe, à une identité en prêt à porter mais d'inventer des auto-nominations fluides inscrites dans une œuvre.