Mental n°47 - Les maladies de la médecine

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  • Les maladies de la médecine

    Revue Mental n°47 juin 2023

     

    SOMMAIRE

    Éditorial

    Virginie Leblanc-Roïc,  Malades malgré eux

    Ce qui s’entend dans ce qui se voit

    François Leguil, Clinique médicale/Clinique psychanalytique

    Catherine Lacaze-Paule, In Silico : le corps pris dans l’imagerie médicale

    Elise Etchamendy, La coupure digne

    Xavier Leguil, Les maladies de la clinique

    Rencontre avec Didier Sicard

    « Plus on parle du soin, plus il disparaît »

    Du refus de savoir au transfert incarné

    Guy Briole, Déclin d’un homme de prestige

    Sarah Benisty, Médecine et psychanalyse. L’orientation lacanienne hier et aujourd’hui

    Laura Vigué, Retard diagnostique et temps de savoir

    Emmanuelle Borgnis-Desbordes, S’autoriser, en médecine

    Demande ou désir de mort

    François Ansermet, Une mort prescrite

    Geert Hoornaert, Euthanasie pour souffrance psychique insupportable

    Caroline Doucet, Le vivant, un tournant dans la fonction du médecin

    Georges Jovelet, Mourir au xxie siècle. Place du suicide et de ses équivalents chez la personne âgée.

    Cyrus Saint Amand Poliakoff, « The pleasure-dome »

    Urgences chiffrées

    Marie Laurent, Les maladies de l’hôpital

    Cécile El Maghrabi Garrido, Jouir d’un droit n’est pas chose aisée

    Araceli Teixidó, La violence contre les médecins : un symptôme de la médecine

    Roberto Cavasola, Les ratages de la psychiatrie contemporaine

    Agathe Sultan, Politique psy : MonPsy et l’âne à liste

    Rencontre avec Stéphane Velut

    La médecine face au parasite d’une nouvelle langue

     Lingua Administratus Imperi

    Vanessa Sureau, L’éducation thérapeutique du patient : les enjeux d’une démédicalisation du soin

    Patricia Loubet, La dépathologisation dans tous ses états

    Pierre Ludovic Lavoine, La psychiatrie et « Mister Google »

    Marion Evin, Zone de guerre

    Mi-lire

    Ariane Chottin, « Chérissez votre propre désir ». A propos de Mental et Professeur Yamamoto part à la retraite, de Kazuhiro Soda

    Marie-Christine Bruyère, Fou c’est le bon mot mais uniquement au singulier

    Philippe Lacadée, « Guérir » par l’invention d’une écriture permettant «un singulier bonheur»

    Dominique Corpelet, Lecture de Neurologie versus psychanalyse, de Hervé Castanet

    Sylvie Berkane Goumet, Les nouveaux guérisseurs

    Mauricio Diament, S’orienter avec les Premiers écrits de Lacan

  • Résumé 

    « La disparition du soin » : c’est ainsi que le professeur Didier Sicard, ancien professeur de médecine ayant  présidé le Comité National d’Éthique ainsi qu’une commission chargée de réfléchir sur la fin de vie, a nommé dans l’entretien qu’il nous a accordé le réel auquel la médecine et ses praticiens ont affaire : soit la façon dont le management, les réductions budgétaires et l’abandon de la clinique au profit d’une croyance de plus en plus marquée dans le biologisme le plus obtus (partagée par les médecins comme par les patients) ont pour conséquence le délitement de l’accueil des malades.

    À telle enseigne que c’est au chevet de la médecine elle-même, et de celles et ceux qui l’incarnent au quotidien, qu’il semble urgent de se pencher.

     

    Présentation 

    « Qui témoigne pour le témoin ? [1] », s’interrogeait Paul Celan hanté par la Shoah. Qui, pour soigner les maladies de la médecine et de ses praticiens ? Et est-ce vraiment la place, sinon la fonction de celles et ceux qui exercent la psychanalyse ?

    C’est toute l’actualité de cette question qui fit l’objet, en 1966, d’une table ronde sur « La place la psychanalyse dans la médecine ». Il est urgent de s’enseigner aujourd’hui de ce que Jacques Lacan y pointa avec tant d’acuité. D’abord en dévoilant à quel point la médecine est entrée dans « sa phase scientifique [2] », confrontant ses praticiens à la question de leur « productivité [3] », « requis dans la fonction du savant physiologiste ». Ensuite en interrogeant la brûlante question de la demande du patient et de son empan : « Où est la limite où le médecin doit agir et à quoi doit-il répondre [1] ? » Comment peut-il, de nos jours, résister à ce tiraillement qui vire parfois à l’écartèlement entre l’attente d’efficacité de patients de plus en plus informés, d’une part, et l’exigence de rentabilité économique, d’autre part ? Quand ce n’est pas purement et simplement la tentation de se laisser emporter par les sirènes d’une médecine bornée à ses preuves, ses résultats biologiques, jusqu’à sa plus extrême réduction organique ou neurologique ?

    Ce numéro s’attachera à montrer combien la psychanalyse a plus que jamais sa place dans la pratique de la médecine, non en position de savoir surplombant, mais bien en ce que l’analyste, qui sait le poids des mots et leurs effets physiques peut contribuer de bien des façons et dans bien des lieux d’exercice à garantir la préservation d’un écart, qui se réduit parfois à d’humbles interstices où venir loger des mots qui portent, dans leur percussion toujours singulière, mais vibrant pour chaque un de l’impossible qui nous échoit d’être parlants, et qu’il s’agit de supporter.

    [1] Ibid., p. 20.

    [1] Libre traduction d’un vers de Paul Celan par Yannick Haenel placée à l’ouverture de son roman, Jan Karski, Paris, Gallimard, 2009.

    [2] Lacan J., Le Bloc-notes de la psychanalyse, n°7, 1987, p. 19, publié initialement dans Les Cahiers du Collège de médecine, no 12, 1966.

    [3] Ibid., p. 27.